Préparez-vous (un peu plus) à oublier l’Internet illimité à la maison. Selon La Lettre A du 12 octobre, Orange « prépare activement des offres de débits différenciés ». Derrière ce jargon vaguement technique se cache un changement fondamental : Orange veut proposer des offres internet différentes selon l’utilisation qui en est fait.
Payer pour faire ce que vous voulez
Concrètement, cela pourra prendre la forme de formules d’abonnements internet « à tiroir » : un forfait peu cher pour l’accès aux moteurs de recherche et à Facebook. Pour quelques euros de plus, l’accès à YouTube à un débit préférentiel. Rajoutez quelques billets, et vous aurez le droit d’utiliser Skype ou d’utiliser des logiciels de téléchargement.
On est, en un mot, un peu plus proche de la fin de l’Internet illimité tel qu’on le connaît depuis une dizaine d’années. A l’été 2011, le site Ownipubliait déjà un document qui montrait que trois grands opérateurs (Orange, Bouygues et SFR) travaillaient sur une telle limitation.
A l’époque, le porte-parole d’Orange avait confirmé travailler sur « des seuils » sur « certains forfaits ».
Une dose de surveillance
Plus surprenant encore : pour ce faire, Orange a fait appel, toujours selon La Lettre A, à la technologie dite du « Deep packet inspection » (ou DPI), indispensable pour mettre en place des offres différenciées. Son principe est simple (et très intrusif) : inspecter les connexions internet pour en déterminer leurs contenus. Tellement pratique que même les dictatures y ont recours.
Justement. Orange s’est pour ce faire adjoint les services de Qosmos. Un fleuron de l’industrie française, qui est accusé par des ONG d’avoir vendu des technologies de surveillance à un certain Bachar el-Assad (Qosmos a répliqué en portant plainte contre ces ONG).
La Cnil est dans la boucle
Plus étonnant encore, toujours selon La Lettre A : Orange aurait mené des tests (avec Alcatel-Lucent) en concertation avec la Cnil, l’organisme censé défendre la vie privée sur les réseaux. Ces tests ont été menés sur un panel de clients pour « mieux cerner la consommation réelle et trouver des axes de différenciation des services ».
Nous avons tenté de joindre Orange, la Cnil et l’entreprise Qosmos ce jeudi après-midi. Nous mettrons à jour cet article dès qu’ils auront répondu à nos questions.
Mise à jour du 11/10/2012, 18h40.
Réaction d’Orange
Dans un tweet, le service de presse d’Orange a démenti l’information de la Lettre A :
« Orange dément avoir le projet de commercialiser des offres de débits différenciés se basant sur l’utilisation du DPI. »
Et d’expliquer que les tests évoqués par La Lettre A seraient en fait une initiative dénommée « Panel préférence », touchant une minorité d’utilisateurs, mené avec le consentement de la Cnil et qui a pris fin en août dernier. Un chantier que le site spécialisé Refletsavait évoqué.
Mise à jour du 11/10/2012, 19h10.
Contactée par téléphone, une porte-parole d’Orange « dément catégoriquement tout projet de débit différencié, ni immédiat, ni lointain, utilisant du DPI ». Sans pour autant pouvoir exclure une solution sans DPI à moyen ou long terme :
« L’offre de débit différenciés, ce sont des questions de modèles économiques. A l’heure actuelle il n’y a pas de projet de commercialisation, mais cela fait partie des possibilités que nous étudions, parmi d’autres, nous ne pouvons pas nous projeter à 10 ans. »
Mise à jour du 11/10/2012, 19h23.
Joint par téléphone, Grégoire Pinson, l’auteur de l’article et rédacteur en chef de La Lettre A, maintient toutes ses informations.
Je ne sais pas s'ils veulent vraiment faire ce genre de chose, mais tout ce que j'espère c'est qu'un opérateur (Free?) tienne bon et maintienne les pratiques actuelles ça nous laissera un peu de sursis car il ne faut pas se leurrer on y viendra de toute façon, économiquement les opérateurs ne pourront pas tenir vu qu'on utilise de plus en plus de bande passante. De plus l'argument est tout trouvé : "Vous n'utilisez internet que pour vos mails et facebook ? Pourquoi payer pour que d'autres puisse jouer, télécharger et encore regarder des vidéos à moindre coût ?"
Source : RUE89