La sécurité par défaut et la confiance envers Microsoft
Alors que Microsoft pousse son écosystème vers une nouvelle ère dominée par l’IA agentique, un phénomène massif vient brutalement fissurer cette stratégie : près de 500 millions d’utilisateurs refusent de migrer vers Windows 11, malgré la fin du support de Windows 10 et les incitations insistantes de l'éditeur pour les pousser à passer à l'OS le plus récent. Le refus massif s'enracine dans un sentiment croissant de méfiance autour de la sécurité, de la gouvernance de l’OS et de l’usage généralisé de l’IA agentique. Il faut dire que l'aveu de Microsoft selon lequel presque toutes les fonctionnalités principales de son OS sont défectueuses ne va pas pousser à la confiance. En filigrane, un mot s’impose : « désastre ».
Traditionnellement, les utilisateurs finaux et les entreprises tardent à mettre à jour leur système. Mais le cas de Windows 11 va bien au-delà de la résistance habituelle au changement. Les chiffres montrent une stagnation inquiétante de la part de marché de Windows 11, incapable de dépasser la trajectoire que Microsoft avait connue lors des transitions Windows 7 → Windows 10 ou même Windows 8 → Windows 10.
Ce refus n’est pas un simple manque d’urgence. Il reflète un rapport plus distancié entre les utilisateurs et Microsoft, nourri par des mois d’incidents techniques, des exigences matérielles jugées arbitraires et une nervosité croissante vis-à-vis de fonctionnalités « intelligentes » introduites sans réel consensus.
En effet, lors d'un appel avec les investisseurs et les analystes pour communiquer sur les résultats du troisième trimestre de son année fiscal 2026, Dell a annoncé qu'un milliard d'ordinateurs fonctionnent encore sous Windows 10. Parmi ceux-ci, 500 millions sont des appareils plus anciens qui ne peuvent pas bénéficier de la mise à niveau. Mais 500 millions d'autres peuvent fonctionner sous Windows 11, ce que les utilisateurs ont toutefois refusé.
C'est en tout cas ce qu'explique le directeur des opérations de Dell, Jeff Clarke, en réponse à une question d'Eric Woodring, Directeur général et responsable de la recherche sur le matériel technologique américain chez Morgan Stanley :
« Premièrement, nous n'avons pas encore achevé la transition vers Windows 11. En fait, si vous comparez cela au système d'exploitation précédent, à la fin de son cycle de vie, nous avons 10 à 12 points de retard avec Windows 11 par rapport à la génération précédente. Nous avons donc encore largement le temps de convertir. Si ma mémoire est bonne, la base installée représente environ 1,5 milliard de dollars, soit 1,5 milliard d'unités. Nous avons environ 500 millions d'entre elles capables de fonctionner sous Windows 11 qui n'ont pas été mises à niveau. Et nous en avons 500 millions d'autres qui ont quatre ans et qui ne peuvent pas fonctionner sous Windows 11. Ce sont autant d'opportunités intéressantes pour passer à Windows 11 et à une technologie moderne. Tout aussi important, les AIPC. »
Un tiers des utilisateurs de Windows pourrait passer à Windows 11Dell
Cycle de renouvellement des PC : plus d'un milliard des 1,5 milliard de PC installés n'ont pas encore été convertis à Windows 11 ou sont trop anciens, ce qui soutient la demande continue de mise à niveau ; la croissance internationale du CSG a atteint un taux à deux chiffres d'une année sur l'autre.
Si les chiffres avancés par Jeff sont exacts, cela signifie non seulement qu'un tiers des utilisateurs Windows ne disposent pas d'un PC compatible avec Windows 10, mais aussi qu'un autre tiers pourrait passer à Windows 11, mais a choisi de ne pas le faire. C'est cette deuxième partie qui pourrait surprendre le plus, car elle montre que les gens ne considèrent tout simplement pas que la mise à niveau en vaut la peine, même lorsque cette option s'offre à eux.
Il convient de noter que le chiffre de 1,5 milliard d'unités comprend tous les ordinateurs, c'est-à-dire les systèmes Windows personnels et professionnels. Il se peut que les entreprises estiment que Windows 11 est encore un peu trop instable pour le moment et préfèrent attendre avant de procéder à la mise à niveau. Cependant, d'ici là, Microsoft doit faire face à un autre problème de migration.
Il faut dire que Microsoft a surpris ses utilisateurs Windows 10 en faisant volte-face concernant les mises à jour de sécurité, qu'il offre désormais gratuitement à tous les particuliers jusqu'en octobre 2026.
Sur Statcounter, nous pouvons remarquer que la part de marché de Windows 11 a légèrement baissé tandis que celle de Windows 10 a légèrement augmenté.
Windows Recall se présente comme un outil d’historique intelligent visant à améliorer la productivité des utilisateurs. Concrètement, la fonctionnalité prend des clichés de l’écran à intervalles réguliers et conserve un journal consultable de tout ce que l’utilisateur fait sur son PC. Applications ouvertes, fenêtres actives, documents consultés, pages web lues… tout est capturé. L’objectif affiché est de permettre à l’utilisateur de retrouver rapidement un contenu sur lequel il a travaillé ou qu’il a vu précédemment, via une recherche naturelle ou une chronologie visuelle.
Cette « mémoire numérique » est alimentée par l’IA : sur les machines équipées d’un processeur avec unité de traitement neuronal (NPU), les captures sont analysées localement pour créer un index sémantique. L’utilisateur peut ainsi rechercher un terme ou un contexte, et Recall lui affichera l’instantané correspondant dans son historique. En somme, Windows Recall veut offrir aux professionnels un moyen de ne plus jamais perdre une information vue à l’écran, en comblant les lacunes de la mémoire humaine par une indexation exhaustive de l’activité passée.
Microsoft a finalement lancé cette fonctionnalité controversée sur Windows 11 auprès du grand public, qui avait été dévoilée pratiquement un an avant puis retardée. Initialement annoncée en mai 2024, cette fonctionnalité devait offrir une « mémoire photographique » à l’ordinateur, en enregistrant en continu l’activité de l’utilisateur pour lui permettre de retrouver facilement des informations consultées précédemment. Cependant, les inquiétudes sur la vie privée ont rapidement éclaté, forçant Microsoft à revoir sa copie. Désormais déployé sur les PC compatibles Copilot+ (les PC Windows 11 équipés de capacités d’IA avancées), Windows Recall arrive avec des améliorations de sécurité et de confidentialité significatives, mais continue de soulever des questions chez les experts en cybersécurité et en protection des données.
Windows 11, OneDrive et l'enfer du cloud
OneDrive, comme de nombreux autres services de stockage cloud, est présenté comme la solution ultime pour la sauvegarde et l'accès universel à nos données. L'idée est séduisante : ne plus s'inquiéter des pannes de disque dur, des pertes d'ordinateurs portables ou des catastrophes naturelles. Vos fichiers sont « dans le cloud », accessibles depuis n'importe où, n'importe quand. Pour des millions d'utilisateurs, c'est une liberté précieuse. Mais un incident est venu briser cette illusion de sécurité absolue.
En effet, un utilisateur de Windows 11 raconte comment la décision d’utiliser OneDrive comme espace intermédiaire pour transférer des données s’est retournée contre lui. Il avait prévu de déplacer trois décennies de photos précieuses et de travaux professionnels depuis d’anciens disques vers un nouveau support, en utilisant OneDrive comme « zone tampon ». Mais cela a mal tourné : son compte Microsoft a été subitement bloqué, verrouillant l’accès à ses 30 ans de souvenirs stockés sur le cloud. Cette affaire n'est pas un simple désagrément technique. C'est une tragédie personnelle et professionnelle qui soulève des questions fondamentales sur la fiabilité des services cloud, la responsabilité des géants de la technologie et la fragilité de notre existence numérique.
L’ombre portée de l’IA agentique : innovation ou cheval de Troie ?
L’une des dimensions les plus explosives de Windows 11 reste l’intégration d’une IA agentique capable d’agir de façon autonome sur le système. Pour Microsoft, il s’agit d’une révolution comparable à l’introduction du multitâche moderne ou du cloud grand public : un OS qui s’occupe de tout, anticipe, automatise et intervient avant même que l’utilisateur ne formule une demande.
Mais cette innovation nourrit davantage la méfiance que l’enthousiasme. Les ingénieurs, administrateurs système et responsables de la cybersécurité voient arriver un composant automatisé capable d’ajouter, de modifier ou d’installer des éléments sur la machine avec une profondeur d’accès rarement accordée à un service tiers. La perspective d’une IA aux privilèges étendus, parfois connectée au cloud, parfois opaque dans son fonctionnement, déclenche un rejet instinctif chez ceux qui, justement, ont pour mission de verrouiller leur infrastructure.
L’incompréhension s’est accentuée avec plusieurs mises à jour controversées, des bugs critiques, et des messages d’avertissement publiés parfois trop tard par Microsoft. L’idée qu’un tel système ait son mot à dire sur les configurations internes paraît pour certains tout simplement incompatible avec la gouvernance IT moderne.
Mais du côté de Microsoft, en tout cas du PDG de Microsoft AI, l'heure est à l'étonnement : « Bon sang, il y a tellement de cyniques ! Ça me fait rire quand j'entends les gens dire que l'IA n'est pas impressionnante », déclare Mustapha Suleyman. « J'ai grandi en jouant à Snake sur un téléphone Nokia ! Le fait que les gens ne soient pas impressionnés par le fait que nous puissions avoir une conversation fluide avec une IA super intelligente capable de générer n'importe quelle image/vidéo me sidère. »
merci à Developpez.com

