Une étude récente amène un constat alarmant : la fonte rapide des glaciers et calottes glaciaires, accélérée par le réchauffement climatique, pourrait bien réveiller des centaines de volcans sous la surface terrestre. Les scientifiques alertent sur un risque accru d'éruptions explosives, notamment en Antarctique. Un scénario catastrophe qui transformerait un événement climatique en un véritable cercle vicieux.

Le Chili : un laboratoire naturel pour comprendre ce phénomène ?
Ce lien entre glace et feu n'est pas une nouveauté. On connaissait déjà le cas de l'Islande : après la dernière période glaciaire, il y a environ 10 000 ans, l'île a vu son activité volcanique s'envoler, avec des éruptions 30 à 50 fois plus nombreuses. Mais ce qui est inédit, c'est de voir ce processus à l'œuvre sur un continent. Pour cela, les géoscientifiques se sont penchés sur six volcans du sud du Chili, dont le Mocho-Choshuenco, aujourd'hui éteint. En analysant le vieillissement radioactif de l'argon et les cristaux volcaniques, ils ont pu reconstituer l'histoire éruptive de la région, des milliers d'années en arrière. Ils ont découvert que durant le pic de la dernière ère glaciaire, entre 26 000 et 18 000 ans, la glace avait bel et bien "étouffé" les éruptions, laissant un immense réservoir de magma s'accumuler en profondeur. Quand la glace a fondu, la pression s'est relâchée, provoquant une explosion. Une illustration glaçante de ce qui pourrait nous attendre.

Le risque est loin d'être localisé. On parle d'une menace à l'échelle planétaire : pas moins de 245 volcans potentiellement actifs sont cachés sous la glace ou à moins de 5 kilomètres de celle-ci, selon une étude de 2020. L'Antarctique de l'Ouest, avec ses 100 volcans enfouis sous une épaisse couche de glace, est la zone la plus critique. Si cette glace continue de fondre à la vitesse actuelle, le risque d'éruptions massives est bien réel dans les décennies à venir. Mais l'Antarctique n'est pas seule concernée. Des régions comme l'Amérique du Nord, la Nouvelle-Zélande et la Russie doivent aussi être sous étroite surveillance. « La condition clé pour une explosivité accrue est d'avoir une couverture glaciaire très épaisse sur une chambre magmatique. Le déclencheur ? Quand ces glaciers commencent à reculer, libérant cette pression », explique Moreno Yaeger. Ce qui est en train de se produire actuellement dans de nombreuses régions. Cette évolution pourrait bien changer le visage de la planète.

Au-delà des dangers directs, les scientifiques pointent du doigt une boucle de rétroaction positive alarmante. Certes, à court terme, certaines éruptions volcaniques libèrent des aérosols de sulfate qui peuvent temporairement refroidir la planète en renvoyant la lumière du soleil dans l'espace – on a déjà vu cela provoquer des famines historiques. Mais sur le long terme, c'est une toute autre histoire. Ces volcans crachent aussi des gaz à effet de serre, comme le dioxyde de carbone et le méthane. L'accumulation de ces gaz ne ferait qu'accélérer le réchauffement global, créant un engrenage terrifiant : la fonte des glaciers déclenche des éruptions, qui à leur tour contribuent à plus de réchauffement et donc, à plus de fonte. La surveillance de ces phénomènes est donc une priorité absolue pour la météorologie future. Le message est clair : la relation entre le climat et l'activité géologique de notre planète est bien plus complexe et interconnectée qu'on ne l'imaginait, et chaque pièce de ce puzzle a un rôle crucial à jouer.
Foire Aux Questions (FAQ)
Comment la fonte des glaciers peut-elle déclencher des éruptions volcaniques ?
La fonte des glaciers réduit la pression exercée sur la croûte terrestre et les chambres magmatiques souterraines. Cette diminution de pression permet aux gaz et au magma de se dilater, augmentant la pression interne du volcan et favorisant ainsi des éruptions plus fréquentes et potentiellement plus explosives.
Quelles régions du globe sont les plus menacées par ce phénomène ?
Les régions les plus à risque sont celles où des volcans sont situés sous d'épaisses couches de glace qui fondent rapidement. L'Antarctique de l'Ouest est particulièrement préoccupante avec plus de 100 volcans enfouis. D'autres zones comme l'Amérique du Nord, la Nouvelle-Zélande et la Russie, qui abritent de nombreux volcans glaciaires, nécessitent également une surveillance accrue.
Les éruptions volcaniques pourraient-elles aggraver le changement climatique ?
Oui. Bien que certaines éruptions puissent avoir un effet de refroidissement temporaire en libérant des particules qui réfléchissent la lumière du soleil, sur le long terme, les volcans émettent aussi des gaz à effet de serre comme le CO2 et le méthane. Une augmentation des éruptions pourrait créer une boucle de rétroaction positive, où les gaz volcaniques contribueraient au réchauffement, accélérant la fonte des glaces et, par conséquent, d'autres éruptions.
merci à GNT