La mission DART de la NASA, censée prouver notre capacité à dévier un astéroïde, a réussi son coup. Mais une nouvelle étude révèle une conséquence inattendue : l'impact a éjecté une quantité massive de rochers, générant un élan supplémentaire qui pourrait compliquer les futures opérations de défense planétaire. Le "billard cosmique" s'avère bien plus complexe que prévu.

Selon une étude publiée le 4 juillet 2025 dans le Planetary Science Journal, la déviation d'astéroïdes est bien plus complexe qu'on ne l'imaginait. "Nous avons réussi à dévier un astéroïde, à le faire sortir de son orbite", explique Tony Farnham, auteur principal et chercheur à l'UMD. "Notre recherche montre que si l'impact direct de DART a causé ce changement, les rochers éjectés ont donné un coup de pouce supplémentaire presque aussi important." Cela modifie radicalement les calculs nécessaires pour ces missions d'importance capitale pour notre planète.

Grâce aux images capturées par LICIACube, un petit satellite italien qui a observé les conséquences de l'impact, les astronomes ont pu suivre 104 rochers. Ces blocs, dont la taille variait de 0,2 à 3,6 mètres de rayon, ont été propulsés loin de Dimorphos à des vitesses pouvant atteindre 52 mètres par seconde. L'analyse des images a permis de déterminer leurs positions et vitesses en 3D. Ce qui a surpris les chercheurs, c'est que ces rochers n'étaient pas éparpillés au hasard : ils étaient regroupés en deux clusters distincts, suggérant des phénomènes inconnus à l'œuvre.
Le plus grand amas de débris, représentant environ 70% des objets mesurés, a été éjecté vers le sud, avec des vitesses élevées et des angles d'éjection faibles par rapport à la surface. L'équipe pense que ces rochers proviennent de sources spécifiques, possiblement de plus gros blocs présents sur Dimorphos qui auraient été brisés par les panneaux solaires de DART juste avant l'impact principal. Jessica Sunshine, professeure à l'UMD, compare ces résultats à ceux de la mission Deep Impact, soulignant que la composition de la surface de l'astéroïde joue un rôle crucial dans le résultat de l'impact. "Deep Impact a frappé une surface de particules très petites et uniformes, donc son éjecta était relativement lisse. Ici, DART a frappé une surface rocheuse et pleine de gros blocs, ce qui a créé des structures chaotiques."

L'élan des rochers éjectés de Dimorphos était principalement perpendiculaire à la trajectoire de la sonde DART. Cela signifie qu'il aurait pu incliner le plan orbital de Dimorphos d'un degré, voire même faire basculer l'astéroïde de manière erratique dans l'espace. Comprendre l'effet de ces débris rocheux sera donc essentiel pour la future mission Hera de l'Agence Spatiale Européenne (ESA), qui doit arriver au système Didymos-Dimorphos en 2026. "Les données recueillies par LICIACube nous offrent des perspectives supplémentaires sur les événements d'impact, d'autant plus que DART était initialement conçue pour se baser uniquement sur des observations terrestres", précise Tony Farnham.
Hera, la mission de l'ESA, fournira une nouvelle vue directe des conséquences de l'impact, s'appuyant sur les prédictions faites grâce aux données de DART. Ces multiples perspectives et les images rapprochées de LICIACube ont donné à l'équipe DART des informations impossibles à détecter depuis la Terre, notamment sur les rochers astéroïdes. Cette nouvelle étude pointe l'importance cruciale de prendre en compte ces variables lors de la planification des futures missions de déviation d'astéroïdes. "Si un astéroïde fonçait sur nous, et que nous savions que nous devions le décaler d'une quantité spécifique pour éviter une collision, alors toutes ces subtilités deviennent très, très importantes", ajoute Jessica Sunshine. On peut le voir comme un jeu de billard cosmique : on risque de manquer le trou si l'on ne prend pas en compte toutes les variables.

Quel était l'objectif principal de la mission DART ?
L'objectif principal de la mission DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA était de prouver la faisabilité d'une stratégie de défense planétaire par "impact cinétique", en modifiant la trajectoire d'un astéroïde grâce à la collision d'une sonde spatiale.
Pourquoi les rochers éjectés par l'impact de DART sont-ils problématiques ?
Les rochers éjectés ont créé un élan supplémentaire et inattendu, trois fois supérieur à celui de la sonde DART elle-même. Cet élan a été principalement perpendiculaire à la trajectoire d'impact, ce qui pourrait compliquer les futures missions en modifiant la trajectoire de l'astéroïde de manière imprévue, voire le faire basculer erratiquement.
Quel rôle jouera la mission Hera de l'ESA suite à ces découvertes ?
La mission Hera de l'ESA, qui arrivera au système Didymos-Dimorphos en 2026, aura pour rôle d'étudier en détail les conséquences de l'impact de DART. Elle fournira des données cruciales sur la composition de la surface et l'effet des éjectas, permettant de mieux comprendre et planifier les futures missions de défense planétaire en tenant compte de ces nouvelles variables.
merci à Numerama