Microsoft sait qu'Office est trop lent à charger...

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chtimi054
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Microsoft sait qu'Office est trop lent à charger...

Message par chtimi054 »

Microsoft sait qu'Office est trop lent à charger. Sa solution ? Le charger au démarrage de Windows. Ralentir Windows pour accélérer Office
Une stratégie paradoxale sur l'optimisation des performances software

icrosoft prévoit d'améliorer la vitesse de démarrage de ses applications Office, en commençant par Word en mai. Les délais de lancement des applications Office seront améliorés grâce à une nouvelle tâche planifiée qui s'exécutera silencieusement au démarrage de votre PC afin de s'assurer que Word et éventuellement d'autres applications Office s'ouvrent rapidement.

« Nous introduisons une nouvelle tâche Startup Boost dans le programme d'installation de Microsoft Office afin d'optimiser les performances et le temps de chargement des applications Office », explique Microsoft dans un message adressé aux administrateurs informatiques. "Une fois que le système a exécuté la tâche, l'application reste en pause jusqu'à ce qu'elle soit lancée et que la séquence reprenne, ou que le système supprime l'application de la mémoire pour récupérer des ressources.

Microsoft vient d’annoncer une nouveauté surprenante pour ses applications Office : une tâche planifiée dite « Startup Boost » qui précharge Word (puis ultérieurement les autres apps) en arrière-plan au démarrage de Windows. L’objectif officiel est de réduire le temps d’ouverture des applications Office en les démarrant « silencieusement » après le login. Concrètement, après chaque redémarrage et une courte période d’inactivité du système, Windows lance Word en mémoire puis suspend ce processus jusqu’à l’ouverture effective de l’application par l’utilisateur.

Microsoft explique vouloir ainsi « optimiser les performances et le temps de chargement » des expériences Office.

Cette solution n’est pour l’instant prévue que sur les machines disposant d’au moins 8 Go de RAM et 5 Go d’espace disque libre​, et déployée d’abord sur Word à partir de mai 2025, avant d’être étendue aux autres apps Office. Il s’agit d’une approche radicale : au lieu d’optimiser Word lui-même, Microsoft « précharge » l’application en arrière-plan pour qu’elle soit instantanément prête à l’emploi.

Startup Boost : principe et conditions

La fonctionnalité Startup Boost est implémentée via des tâches planifiées Windows visibles dans le Planificateur de tâches (« Task Scheduler »). Deux tâches sont créées automatiquement par l’installateur Office : Office Startup Boost et Office Startup Boost Logon. Après un démarrage du PC, ces tâches démarrent Word en mémoire mais mettent le processus en pause. Le programme reste ainsi préchargé, prêt à reprendre instantanément son exécution dès que l’utilisateur clique sur l’icône de Word​. Si l’application n’est pas lancée, le système peut simplement éliminer le processus préchargé pour récupérer des ressources, et la tâche ne se relancera que lors du prochain démarrage, ou périodiquement si les conditions le permettent​.

Microsoft précise que Startup Boost n’intervient que si la machine a des ressources disponibles. Concrètement, il faut au moins 8 Go de RAM libres et 5 Go d’espace disque (ce qui correspond, selon les critères officiels, à la configuration « minimale » pour activer cette option)​. De plus, la tâche n’est pas lancée immédiatement au démarrage : elle attend une dizaine de minutes pour ne pas alourdir le boot, c’est-à-dire qu’elle démarre une fois que le système est en état « au repos ». Sur batteries ou en mode Économiseur d’énergie, Startup Boost est désactivé pour économiser l’énergie​. En résumé, Microsoft ne souhaite pas perturber les machines aux ressources justes ; cette prélecture ne sera active que sur des PC relativement musclés, et seulement lorsque l’appareil est branché et au repos.

Un paradoxe évident : ralentir Windows pour accélérer Office

Cette stratégie soulève immanquablement un paradoxe relevé par plusieurs observateurs : ralentir le démarrage de Windows pour accélérer le lancement de Word. Un internaute l’a résumé avec un humour grinçant : « La nouvelle fonction ‘Startup Boost’ chargera Office au démarrage de Windows, ce qui rendra Word et Excel plus rapides au lancement – tout en ralentissant le reste de votre ordinateur. Youpi. » Autrement dit, la solution de Microsoft consiste à déplacer une partie du temps de chargement d’Office au démarrage du PC. Cette optimisation perçue profite à Word (ou tout autre programme Office), au prix d’un surcoût évident pour le système lors du boot.

Sur le fond, cela revient à admettre que Word est toujours trop lent à démarrer, mais à chercher un contournement plutôt qu’une révision profonde du code. Comme le note ironiquement le même internaute, un « cynique » pourrait demander pourquoi Microsoft ne rend pas simplement Office plus efficace à l’ouverture, au lieu de bricoler un tel contournement​. L’ironie est d’autant plus grande que les ordinateurs 8 Go de RAM, présentés comme un plancher pour cette fonctionnalité, ont tendance à être considérés comme un strict minimum pour Windows 11 de nos jours​. Autrement dit, on demande déjà à un PC modeste de supporter les charges habituelles de Windows et Office, puis en plus de précharger un gros programme comme Word.

Cette méthode de préchargement actif n’est pas entièrement inédite chez Microsoft – on pense à la fonction « Startup Boost » de Microsoft Edge, qui garde le navigateur en mémoire après une fermeture pour accélérer son prochain lancement​ – mais l’appliquer à la suite Office est une démarche inhabituelle. Elle témoigne surtout d’une priorité donnée à la réactivité ressentie : pour l’utilisateur final, Word s’ouvrira sans délai visible, alors qu’en réalité l’ordinateur aura accompli ce travail pendant son démarrage. En somme, Microsoft choisit de troquer quelques secondes de temps de boot (et quelques centaines de Mo de RAM) pour une ouverture quasi instantanée de Word par la suite.
Image Conséquences techniques et système

Sur le plan technique, cette innovation a des effets mesurables sur le système. Lorsque Startup Boost est actif, Windows consacre de la mémoire vive et du temps processeur à pré-charger Word après la connexion. Même si l’opération se déroule une fois le système au repos, elle « accapare » potentiellement plusieurs centaines de mégaoctets (voire plus) dans la RAM, ainsi qu’un peu de puissance CPU. Cela peut influer sur les performances générales, notamment lors du démarrage des autres programmes concurrents (services cloud, antivirus, etc.). Microsoft essaie de limiter l’impact : la prélecture n’a lieu qu’après dix minutes d’inactivité, et le processus est “gelé” après chargement, mais dans les faits certains utilisateurs sur PC modeste peuvent constater un boot légèrement plus lent ou une montée en charge du système au lancement.

Les pré-requis de 8 Go/5 Go nous disent d’ailleurs qu’il faut accepter un surcoût mémoire non négligeable : 8 Go de RAM libre, c’est déjà la moitié de la configuration typique de nombreux ordinateurs portables moyens. Considérer 8 Go comme plancher est « assez optimiste en 2025 »​. Sur les machines d’entrée de gamme, cette fonction sera donc probablement désactivée automatiquement, mais sur un PC de bureau puissant ou une station de travail, elle tournera systématiquement au démarrage.

Outre l’utilisation des ressources, cette fonction fait apparaître de nouvelles lignes dans le Planificateur de tâches Windows (tâches Office Startup Boost). Pour l’administrateur, cela signifie un nouveau facteur à prendre en compte dans la procédure d’amorçage : il pourra certes désactiver Startup Boost via les paramètres d’Office (Options > Général), mais Microsoft prévient que chaque mise à jour d’Office recréera la tâche​. Autrement dit, supprimer manuellement la tâche n’est pas une solution pérenne à moins de repousser systématiquement toute mise à jour. Microsoft propose plutôt une désactivation via GPO ou dans l’application elle-même​. En pratique, ceux qui trouvent cette fonction nuisible devront donc la désactiver à plusieurs endroits, ce qui complique la gestion.

Impacts pour l’utilisateur et pratiques

Quelles conséquences pour l’expérience utilisateur ? Pour les grands fans d’Office (en entreprise, notamment), cette option peut donner la sensation bienvenue d’un Word prêt à démarrer en un clin d’œil. Sur une machine souvent laissée allumée ou redémarrée chaque matin, l’ouverture de Word ne sera presque plus perceptible. Cependant, ceux qui redémarrent fréquemment leur PC ou qui utilisent plutôt des logiciels autres qu’Office remarqueront surtout le surcroît de charge au boot. Globalement, c’est un compromis volontaire : sacrifier un peu de temps de démarrage pour gagner des millisecondes à l’ouverture de Word.

Du point de vue des bonnes pratiques, Startup Boost s’ajoute à la liste des programmes qui tournent en tâche de fond. Beaucoup d’utilisateurs averses aux logiciels gourmands au lancement (Teams, OneDrive, antivirus, etc.) seront probablement tentés de désactiver cette option pour accélérer Windows lui-même. C’est possible : Microsoft précise qu’il suffit de décocher la case « Startup Boost » dans les options de Word​, ou d’empêcher la tâche de se lancer par politique de groupe. Mais il faut noter la subtilité : si l’utilisateur désactive l’option dans Word, l’installateur Office pourra quand même remettre la tâche à jour lors des patchs, obligeant à répéter l’opération​. Les administrateurs devront donc veiller de près à cette configuration s’ils veulent éviter des surprises à chaque patch mensuel.

En résumé, le compromis est clair : l’utilisateur peut contrôler ce comportement dans les paramètres, mais s’il l’ignore, Office se lancera toujours rapidement au détriment d’un démarrage Windows un peu plus lourd. Pour l’instant, Microsoft rassure que cette fonctionnalité est optionnelle et sûre à désactiver, soulignant que les applications Office fonctionneront normalement sans (simplement avec un temps de chargement plus long).
Image Contexte : des performances à réinventer chez Microsoft

La décision de précharger Office s’inscrit dans un contexte plus large de stratégie de performance chez Microsoft. Depuis quelques années, l’entreprise mise souvent sur des optimisations « perçues » : par exemple, le navigateur Edge intègre depuis 2020 son propre Startup Boost pour être « prêt à l’emploi », et Windows lui-même a multiplié des services de prélecture (Superfetch, ReadyBoost, etc.). Microsoft a aussi amené des services de maintenance en arrière-plan (Windows Update, télémétrie) qu’on ne voit pas, mais qui peuvent ralentir le PC de façon invisible. Cette nouvelle option Office rejoint cette tendance : il s’agit de masquer la lenteur réelle du code par une astuce architecturale.

Ce choix reflète aussi la difficulté historique de Microsoft à contenir la lourdeur de ses logiciels phares. À chaque nouvelle version majeure d’Office, les utilisateurs se plaignent d’un temps de démarrage toujours croissant. Plutôt que de réécrire entièrement des millions de lignes de code pour gagner quelques dixièmes de seconde, il est parfois plus simple d’amortir ce coût ailleurs. L’industrie subit en effet une inflation constante des ressources : la taille des applications et la complexité logicielle grimpent, et la réponse classique est d’exiger plus de mémoire et de CPU. Dans ce cadre, précharger un gros exécutable comme Word peut paraître un « moindre mal » comparé au travail d’optimisation structurelle qu’il nécessiterait.

Pour les professionnels de l’informatique, cette initiative illustre une double réalité. D’une part, Microsoft réagit enfin à un problème récurrent (la lenteur d’Office) et propose une solution novatrice même si elle est curieuse. D’autre part, elle expose une contradiction : au lieu de résoudre la lenteur à la source, on la déplace en coulisses. Ce n’est pas nécessairement la première fois que Microsoft agit ainsi – rappellez-vous de la fonction Fast Startup (démarrage rapide) de Windows, ou des pré-chargements divers – mais cela place la question des performances Office au centre du débat.

merci à Developpez.com
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