Maintenant que Patrick Drahi a réussi à réduire l'énorme dette de SFR, la prochaine étape pourrait passer par la vente de l'opérateur. La consolidation télécom revient sur le tapis.

Entre les problèmes de gestion des échéances de cette dette, la recherche de contrôle total des filiales et les soucis judiciaires, Patrick Drahi s'est trouvé dans une posture délicate qui l'a conduit à devoir lâcher du lest.
Mais l'homme d'affaires n'est pas du genre à céder facilement et il s'est donc engagé dans un processus de restructuration de la dette de SFR, n'hésistant pas à tenter de forcer la main de ses créanciers pour obtenir des conditions plus avantageuses.
Après des mois de négociations houleuses, un accord a finalement été trouvé, permettant à Altice de réduire la dette à un plus de 15 milliards d'euros (au lieu de 24 milliards d'euros) mais en perdant un peu plus de contrôle sur le capital que ce qu'il souhaitait, soit 45% en faveur des créanciers.
Racheter SFR, oui mais comment ?
Ce nouveau cadre lui permet cependant de rééchelonner les échéances et de se retrouver dans une situation financière moins compliquée. De fait, Patrick Drahi rend SFR plus intéressant s'il se décidait à céder l'opérateur.
La rumeur d'une consolidation télécom qui ramènerait le marché français à trois opérateurs au lieu de quatre reprend donc de plus belle. Les acteurs du marché rêvent depuis des années de pouvoir revenir à trois opérateurs pour éviter la guerre des prix qui les titille régulièrement.

Et tout le monde, Orange, Free comme Bouygues Telecom, seraient potentiellement intéressés et auraient débuté des démarches d'approche. SFR n'est pourtant pas encore officiellement à vendre et aucune annonce ou indice en ce sens n'a émergé.
Altice indique seulement vouloir gérer les conséquences de la restructuration de la dette de SFR et continuer de vendre les actifs non essentiels. Il y avait pourtant bien déjà eu une rumeur de cession en 2023, rapidement éteinte du fait du haut niveau d'endettement de SFR.
Un rachat de SFR, numéro deux du marché, n'est pas une affaire simple. Orange, leader, ne peut le racheter directement et une acquisition par Bouygues Telecom ou Free créerait un nouveau géant télécom égal à Orange mais qui tuerait sans doute le troisième opérateur restant sur le marché.
Faut-il privilégier une vente à la découpe ?
La seule solution resterait donc celle d'une vente en plusieurs morceaux répartie entre deux ou trois opérateurs. Bouygues serait le mieux placé dans ce scénario grâce à ses accords de mutualisation des infrastructures avec SFR.
Mais au-delà d'une éventuelle volonté de rachat de l'opérateur, qui ne pourrait se faire qu'à plusieurs, il faudra aussi convaincre la Commission européenne, qui préfère un marché à quatre opérateurs jugé plus favorable aux consommateurs.
Un point positif reste que le rapport Draghi sur la gouvernance européenne plaide pour une plus grande souplesse dans la gestion des fusions-acquisitions. Cela vaudra-t-il aussi pour le marché télécom ?

Il pourrait tout de même être bousculé par la possibilité d'un rachat par des opérateurs étrangers, notamment du côté du Moyen-Orient ou de l'Inde, avec lesquels Patrick Drahi a des contacts. L'Etat français aura sans doute cependant son mot à dire.
La négociation du prix de cession de SFR promet aussi de belles batailles. Il se situerait entre 20 et 25 milliards d'euros et on peut faire confiance à Patrick Drahi pour l'étirer au maximum, malgré la saignée des abonnés dans le fixe et le mobile depuis plusieurs trimestres.
Un autre obstacle est en vue : l'élection présidentielle française de 2027. Les négociations d'un rachat de SFR seront longues et il faut soit les lancer dès maintenant soit attendre après 2027 pour éviter les incertitudes du prochain scrutin.
merci à GNT