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2035 ou le naufrage des ambitions européennes sur la voiture électrique

Posté : lun. 27 oct. 2025 07:57
par chtimi054
2035 ou le naufrage des ambitions européennes sur la voiture électrique

Faut-il vraiment sauver le soldat PHEV ?
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Il faut voir la vérité en face, l’Europe manque cruellement d’une vision à long terme et d’unité. À force d’hésiter entre statu quo et révolution, on se saborde. Un édito de la newsletter Watt Else du 23 octobre qui pourrait faire grincer des dents.

L’Europe devait conduire sa transition vers le zéro émission, avec un boulevard pour le 100 % électrique. Elle en est déjà à se chamailler sur le bien-fondé de l’objectif et à déterminer si les hybrides rechargeables sont vraiment à exclure. Alors que l’Allemagne défend cette position, la France et l’Espagne créent la surprise en s’y opposant. Pourtant, en France, la commission des affaires économiques a rendu un rapport d’information le 15 octobre alertant sur un crash industriel possible. Quel bazar ! Et si le vrai danger, c’était cette absence totale de cap à tenir ?

L’Europe a le don de transformer une ligne d’horizon en champ de bataille, tout n’est que querelles politiciennes. On n’est même pas au tiers du marathon engagé, et certains voudraient déjà baisser les bras parce que la ligne d’arrivée paraît subitement inatteignable. À l’origine, 2035 devait marquer la fin du moteur thermique neuf. Un objectif clair, ambitieux, lisible, et tout le monde s’est mis en ordre de marche dans ce sens. Trois ans plus tard, ce cap est contesté de toutes parts. À force de tirer sur le volant dans des directions opposées, on va finir droit dans le mur.

Errer sans but

Pendant que la Chine a mis en place plusieurs plans quinquennaux successifs pour se donner un objectif stratégique clair sur sa transition écologique, l’Europe piétine : trois pas en avant, trois en arrière, avant une pirouette. La Chine n’est pas devenue un adversaire redoutable (sur la technologie, les batteries, l’automobile, les panneaux solaires…) par hasard. Difficile de jouer les surpris quand tout était écrit noir sur blanc depuis des décennies. Cela ne veut pas dire que son modèle autoritaire soit enviable ou transposable — loin de là —, mais force est de constater que les Chinois avancent pendant qu’on patauge. Et si certains pays européens rêvent d’imiter le retour en arrière des États-Unis, ils oublient que le « drill baby drill » ne fonctionne pas quand on n’a pas de pétrole… ni plus d’idées.
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Xpeng va produire les G6 et G9 en Europe à l’usine Magna Steyr // Source : Xpeng
L’Europe manque cruellement de vision à long terme. Chaque recul sur les objectifs, chaque exception nationale, renforce notre dépendance au pétrole, fragilise la filière électrique, et offre une fenêtre d’opportunité à nos rivaux asiatiques. On nous parle de souveraineté et du risque de dépendre de la Chine pour les batteries, alors que la dépendance au fossile est une menace bien plus grande, gérée comme un sujet annexe. La guerre en Ukraine aurait dû être l’électrochoc pour se mettre au rythme chinois. Même les pays en développement ont compris leur intérêt à ce changement. Pourquoi pas nous ?

Sauver les hybrides, ou l’art de creuser le trou

Le pire, c’est que sous couvert de sauver l’industrie européenne, certains veulent sauver… le plug-in hybride (PHEV). Drôle d’idée. Ces véhicules sont aussi chers, voire plus, que des électriques. Techniquement, les hybrides rechargeables semblent avoir du sens pour certaines flottes, la solution rassure parce qu’il reste plus simple et rapide (à l’instant T) de faire le plein d’essence que d’électron, c’est à peu près tout.
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Continuer à aller faire le plein d’essence à la pompe // Source : Louis Concorde
Mais stratégiquement, c’est un contresens total : c’est précisément sur ce terrain que les marques chinoises sont déjà imbattables et grignotent des parts de marché en Europe. En leur fermant la porte de l’électrique — pourtant au cœur de la transition européenne —, elles sont revenues par la fenêtre, sans surtaxe douanière, pour vendre leurs hybrides et EREV à prix cassés. Niveau vision stratégique, on frôle le zéro pointé. L’Europe s’épuise à protéger un entre-deux technologique qui n’aura probablement plus aucun intérêt d’ici à dix ans. Déjà qu’il n’en a pas beaucoup aujourd’hui.

Une casse sociale inévitable

On imagine souvent que l’Europe se serre les coudes en temps de crise. Mauvaise nouvelle : elle y est, et elle n’avance pas. À force d’hésiter entre ambition climatique et protection de l’emploi, elle ne fait ni l’un ni l’autre. Revenir sur 2035, ce serait offrir une avance encore plus incontrôlable à nos concurrents. Ce n’est pas le moment de lever le pied : il faut écraser l’accélérateur pour rattraper dix ans de retard.

C’est le manque de courage qui nous pousse dans un immobilisme fatal. L’industrie automobile veut éviter la casse sociale, mais la robotisation des usines – jusqu’aux dark factories automatisées – et l’IA mèneront au même résultat, quelle que soit la voie choisie. La Chine n’y coupera pas plus que l’Europe. Et ce ne sera pas la faute de la voiture électrique. Elle a juste bon dos, quand on cherche un coupable tout désigné.

merci à Numerama

Re: 2035 ou le naufrage des ambitions européennes sur la voiture électrique

Posté : lun. 27 oct. 2025 10:25
par MyPOV
Bonjour,
On imagine souvent que l’Europe se serre les coudes en temps de crise
Numerama vit dans une utopie de l'UE. C'est tout le contraire, encore plus en temps de crise, chacun défend ses intérêts économiques, sauf la France. Comme tout produit manufacturé en masse, nous avons peu de chance de concurrencer la Chine, surtout en faisant table rase de notre savoir ; et ce dès les matières premières.

Quant à la partie écologique :)

rappel en temps réel de l'Allemagne écolo VS la France non écolo ; au moment où j'écris :
Fr : 13g de CO2 par kwh
Al : 333g de CO2 par kwh (en hivers il y aura des pics au-delà de 550)
Soit 25 fois plus de pollution pour produire un kwh :o et encore, heureusement que la France alimente en partie l'Allemagne de notre "sale énergie" :!: sinon ça serait pire.

https://app.electricitymaps.com/map/zone/FR/72h/hourly

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Re: 2035 ou le naufrage des ambitions européennes sur la voiture électrique

Posté : lun. 27 oct. 2025 11:43
par Loic33
la plus grande bêtise politique de tous les temps§ Au lieu de donner des objectifs de pollution aux industriels, des politiques et leurs administrations ont décidé pour eux, et sont entrain de mettre par terre l'industrie qui a créé le plus d'emploi, de richesses de ce dernier siècle. Où la référence de durée était le temps de la calèche qui est passé au temps de la voiture.
Les industriels sont aujourd’hui capable de concevoir des moteurs avec 0% de pollution et pour un coût économique neutre par rapport à avant. Des biens pensants ont sacrifié des centaines de milliers d'emploi, notre indépendance économique, pour des véhicules dont on ne sait pas retraité son stockage d'énergie et que le quidam moyen sans aide massif des états , ne peut pas s'acheter. L'industrie chinoise, sur subventionné nous envahit et nous sommes totalement passif face à cette mainmise économique et sociétale. Ce que j'exprime n'est pas une opinion politique , juste du bon sens , d'une personne qui a travaillé dans le monde pétrolier pendant 20 ans et qui voit la déliquescence de notre continent par la bêtise dogmatique d'ignorant !

pour information ce matin, Porsche a annoncé une baisse de 95% de ses benefices , passant de 2.6 Mds € à 114 M € , quels vont être les résultats des Generalistes?

Re: 2035 ou le naufrage des ambitions européennes sur la voiture électrique

Posté : lun. 27 oct. 2025 12:35
par Paletta
à myPOV : sans compter, outre le CO2, les tonnes de particules fines que les "Grünen" ("écologistes") allemands nous balancent dans la gueule ! L'air de la vallée rhénane par exemple est complètement polluée par les centrales à charbon frontalières.

Re: 2035 ou le naufrage des ambitions européennes sur la voiture électrique

Posté : lun. 27 oct. 2025 16:47
par MyPOV
oui, et la blague de l'étiquette 0 C02 sur ces voitures alors que cela dépend de comment l'électricité est produite. En France cela a à peu près du sens, mais en Allemagne ou en Pologne pas du tout.