Série YOU : la menace grandissante des stalkerwares
Posté : ven. 25 avr. 2025 08:15

Avec son personnage de Joe Goldberg, la série You explore les dérives de l’obsession amoureuse à l’ère numérique. Mais au-delà du divertissement, cette série diffusée sur Netflix met le doigt sur un phénomène bien réel : celui des stalkerwares, ces outils numériques discrets mais redoutablement efficaces qui permettent à quiconque d’espionner une autre personne à distance. La cinquième saison est diffusée ce 24 avril. L’univers de la fiction rejoint dangereusement celui de la cybersurveillance domestique, où le harcèlement numérique ne cesse de gagner du terrain.
Une surveillance invisible mais bien réelle
Contrairement aux codes malveillants classiques, les stalkerwares sont souvent installés intentionnellement sur les appareils des victimes par une personne de leur entourage : partenaire jaloux, parent autoritaire, ou employeur abusif. Une fois le logiciel en place, il devient possible de lire les messages, suivre les déplacements GPS, accéder à la caméra, au micro ou encore à la galerie photo du téléphone. Tout cela sans que la victime n’en ait conscience, ni ne puisse le détecter facilement. ZATAZ vous a présenté ce type d’outils que, par exemple, des parents achètent pour « protéger leurs enfants !« .
Une industrie souterraine mais florissante
Derrière ce phénomène se cache un marché en plein essor. Des dizaines de sites proposent en toute légalité – ou dans une zone grise du droit – des applications de surveillance déguisées sous des appellations trompeuses comme « contrôle parental » ou « sécurité de l’appareil« . En réalité, ces logiciels, parfois vendus pour une poignée d’euros par mois, offrent des fonctionnalités dignes d’un agent secret : écoute en direct, accès aux réseaux sociaux, enregistrement des appels, et bien plus encore : récupération des SMS, géolocalisation, photographie.
L’Europe n’est pas épargnée. En France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avait tiré la sonnette d’alarme sur ces outils (l’article n’a pas été remis en ligne à la suite de la nouvelle charte graphique du site de la CNIL, ndr), rappelant que l’installation d’un tel logiciel sur le téléphone d’un tiers sans son consentement constitue une infraction pénale. Pourtant, dans la pratique, les sanctions restent rares, notamment en raison du manque de plaintes, de preuves ou de sensibilisation des victimes à ce type de cyberharcèlement.
Des conséquences psychologiques profondes
Les victimes de stalkerwares vivent dans un état d’anxiété permanente. Elles perdent la maîtrise de leur vie privée, se sentent observées, traquées, parfois même en danger physique. Ces logiciels créent un climat d’insécurité émotionnelle, renforçant l’emprise que peut exercer un partenaire violent ou un proche manipulateur. Dans les cas les plus graves, l’usage de ces technologies accompagne des situations de violences conjugales où le numérique devient un outil de contrôle permanent.
Un rapport d’Amnesty International publié en 2022 souligne que ce type de surveillance numérique est souvent un maillon d’un harcèlement plus large, qui inclut aussi l’usurpation d’identité, la diffusion non consentie d’images intimes et le chantage. Les femmes sont les premières victimes, particulièrement dans les relations abusives, mais les enfants, les personnes LGBTQIA+ ou encore les militants peuvent aussi être ciblés.
Face à cette menace insidieuse, les gouvernements peinent à apporter une réponse à la hauteur. Si certains pays comme l’Allemagne ou les États-Unis ont engagé des actions concrètes pour réglementer ou interdire les stalkerwares, la législation reste lacunaire dans de nombreuses juridictions. En 2023, le créateur d’un outil d’espionnage était condamné à alerter les téléphones infiltrés et à payer plus de 400 000 $ d’amende.
En France, le cadre juridique existe, mais l’application est encore limitée, faute de moyens ou de formations spécifiques. En 2021, une étude révélait que 61 % des adultes Français, qui ont déjà vécu en couple, ont déjà « stalké » leur partenaire actuel ou leur ex. Le gouvernement français a mis en place « Arrêtons les Violences », un le site de ressources pour les femmes victimes de violences : https://www.stop-violences-femmes.gouv.fr.
Surveiller un partenaire à son insu peut entraîner de lourdes sanctions pénales. Si l’auteur est le conjoint, le concubin ou le partenaire pacsé de la victime, il risque jusqu’à deux ans de prison et 60 000 € d’amende. En dehors du couple, la peine peut aller jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.
La fiction comme miroir de la réalité
La popularité de séries comme You ou Black Mirror illustre une fascination collective pour les dérives technologiques, mais elle a aussi un pouvoir d’alerte. En incarnant les pires fantasmes de contrôle et de surveillance, ces récits donnent un visage à des pratiques qui se déroulent, bien souvent, dans l’ombre. Pour certains spectateurs, ils permettent de mettre des mots sur une situation vécue. Pour d’autres, ils éveillent une conscience face à des comportements qui relèvent du harcèlement, même s’ils sont parfois banalisés sous couvert de jalousie ou de protection.
Si la cinquième saison de You promet une fois de plus suspense et retournements, elle rappelle aussi que derrière le divertissement se cache une question brûlante : jusqu’où peut-on aller pour surveiller quelqu’un, et à quel moment cela devient-il un crime ? Dernier détail : les pirates informatiques peuvent aussi se pencher sur les sites proposant des stalkerwares … et voilà les données des stalkers et de leurs « victimes » dans les mains de plus malveillants !
Vous soupçonnez un stalkerware sur votre téléphone ? Voici comment vérifier en 5 étapes simples
Pas besoin d’être un expert pour détecter un stalkerware : quelques vérifications rapides suffisent à lever le doute. ZATAZ vous propose un petit test facile à faire soi-même. Suivez le guide.
Jetez un œil à vos autorisations
Un stalkerware a besoin d’accéder à plusieurs fonctions de votre téléphone pour fonctionner. Allez dans les paramètres et regardez quelles applis ont accès à vos messages, contacts, localisation ou appels. Si vous repérez une appli bizarre ou inconnue, désactivez ses autorisations ou supprimez-la carrément.
Vérifiez avec qui vous partagez votre position
C’est le genre d’info qu’on partage une fois et qu’on oublie… mais qui reste active. Si vous avez un iPhone, ouvrez l’appli Localiser et descendez en bas de l’écran pour voir avec qui vous partagez votre localisation. Posez-vous une question simple : est-ce encore nécessaire ? A noter que je n’ai jamais vu autant d’adolescents et de jeunes couples se « suivre » via Snapchat. Pensez à utiliser le mode fantôme, qui coupe toutes géolocalisations (mais aussi certaines options).
Faites le tri dans vos applis
Prenez deux minutes pour parcourir les icônes sur votre écran. Si une appli vous semble étrange, inconnue, ou si elle ressemble trop à une autre (une fausse appli « Notes » ou « Wi-Fi », par exemple), méfiance. Les stalkerwares adorent se cacher derrière des noms anodins.
Restez attentif au comportement de votre téléphone
Un smartphone qui chauffe sans raison, une batterie qui fond comme neige au soleil ou des pop-ups bizarres ? Ce sont des signaux à ne pas ignorer. Cela peut être un bug… ou un stalkerware qui tourne discrètement en arrière-plan.
Mieux vaut prévenir que guérir : protégez votre appareil
Pour éviter qu’un stalkerware ne soit installé en douce, le plus simple reste de sécuriser votre téléphone dès maintenant. Ne le laissez pas traîner déverrouillé : activez un code PIN solide ou un déverrouillage biométrique (empreinte digitale, reconnaissance faciale).
merci à ZATAZ