Mistral AI, la licorne française de l’intelligence artificielle, fait un pas décisif avec son chatbot « Le Chat ». Après des débuts modestes en tant que vitrine technologique, celui-ci s’impose désormais comme un produit complet, capable de rivaliser avec les géants comme ChatGPT. Avec des mises à jour majeures, un partenariat stratégique avec l’AFP et le lancement d’applications mobiles, Mistral semble avoir trouvé la formule gagnante.
La start-up tricolore lance officiellement ses applications mobiles pour Le Chat. © Mistral Alors que le projet Lucie, arrêté net après deux jours de réponses fantaisistes, a jeté un froid sur l’IA française, Mistral AI contre-attaque. Sa plateforme Le Chat, lancée en 2024 comme vitrine technologique, se transforme en produit grand public à part entière. Avec des applications natives iOS et Android, un modèle premium et des performances comparables à GPT-4o, la licorne française montre ses muscles.
Une réponse technique aux défaillances françaises
Le contraste est saisissant avec l’expérience Lucie, dont les erreurs grossières (« œufs de vache » confondus avec des « œufs de poule ») avaient fait polémique en janvier. Mistral mise sur une approche pragmatique : plutôt que de chercher à égaler les géants américains sur tous les fronts, la société concentre ses efforts sur des cas d’usage précis.
Le partenariat signé en janvier avec l’agence de presse française permet à Le Chat d’accéder à 2 300 dépêches quotidiennes en six langues. Une réponse aux problèmes d’hallucinations qui ont plombé Lucie. « Cette collaboration renforce la factualité des réponses tout en valorisant le travail journalistique », souligne un communiqué officiel.
Sans atteindre les promesses tonitruantes de certains concurrents, Mistral affiche des chiffres solides. Son infrastructure génère jusqu’à 1 000 mots par seconde, dépassant ChatGPT-4o selon des tests internes. Une rapidité obtenue grâce à des modèles open source optimisés comme Mistral Small 3, son petit dernier annoncé il y a quelques jours.
Le Chat se structure pour séduire le grand public
La version gratuite conserve l’accès aux fonctions de base : recherche web, génération d’images via Flux Ultra (supposé surpasser Midjourney), et analyse de documents. Le nouvel abonnement Pro à 14,99 €/mois (7,99 € pour les étudiants) déverrouille les limites d’usage et intègre un mode « confidentialité renforcée ».
Disponible sur l’App Store et Google Play, l’application mise sur l’ergonomie et la réactivité. Elle intègre les dernières évolutions comme le Canevas, un espace de travail modulaire pour éditer du code ou manipuler des données. Une réponse aux fonctionnalités similaires de ChatGPT, mais avec une emphase sur la personnalisation locale.
Si Mistral évite soigneusement le discours nationaliste, ses récentes annonces dessinent une alternative crédible aux solutions américaines. Le modèle économique mixte (open source et services premium) et les partenariats institutionnels (comme celui avec l’Éducation nationale prévu pour 2026) pourraient faire école. Reste à voir si cette approche techniciste suffira à convaincre un grand public souvent plus sensible au marketing flamboyant des géants californiens. Mais après l’épisode Lucie, la prudence stratégique de Mistral apparaît comme un choix raisonné – peut-être même salvateur pour l’écosystème français.merci à CLUBIC
