Les coûts massifs liés à une violation de données ont fait chuter de 90 % le bénéfice d’exploitation du principal opérateur sud-coréen.La cyberattaque subie par SK Telecom illustre la fragilité économique des géants des télécommunications face aux violations de données. L’entreprise annonce un effondrement inédit de ses résultats trimestriels, conséquence directe des coûts de récupération, d’indemnisation et de sécurité.
Un effondrement financier inédit
Le bénéfice d’exploitation de SK Telecom est tombé à 48,4 milliards de wons (34,1 millions de dollars, soit environ 31,4 millions d’euros) contre 493 milliards un an plus tôt. Le chiffre d’affaires a reculé de 12,2 %, mettant fin à une série de bénéfices consécutifs vieille de plus de vingt ans. L’opérateur a suspendu son dividende du troisième trimestre et annoncé un plan de redressement centré sur la cybersécurité. Cette chute témoigne d’un choc structurel pour le marché des télécommunications coréen, déjà confronté à une baisse de la rentabilité et à une concurrence accrue.
Une cyberattaque persistante depuis 2022
L’entreprise a retracé l’origine de la brèche jusqu’en 2022. Des pirates ont utilisé 25 types de logiciels malveillants restés indétectés pendant près de trois ans. La faille a exposé les données personnelles d’environ 27 millions de clients, incluant numéros d’identification, clés d’authentification, journaux réseau et SMS stockés sur les cartes SIM. Les autorités sud-coréennes ont imposé une amende record de 134 milliards de wons (96,5 millions de dollars, soit environ 88,8 millions d’euros) et exigé une refonte complète des systèmes de sécurité.
SK Telecom a également remplacé des millions de cartes SIM et suspendu temporairement les nouvelles souscriptions. Ces mesures, coûteuses et urgentes, ont creusé davantage les pertes.
Pour regagner la confiance du public, l’entreprise a lancé un programme de fidélisation de 500 milliards de wons (349 millions de dollars, soit 321 millions d’euros) offrant réductions, données gratuites et bons d’achat. Mais ces avantages ont paradoxalement amplifié le désabonnement et réduit les marges.
Le directeur financier, Kim Yang-seob, a affirmé vouloir transformer cette crise en opportunité et replacer la confiance client au centre de la stratégie. Cependant, la méfiance demeure élevée dans un pays où la fréquence des cyberincidents s’accroît.
Une vulnérabilité nationale croissante
La faille de SK Telecom s’inscrit dans une série d’incidents touchant les grands groupes sud-coréens. En août, l’émetteur de cartes Lotte Card a révélé le vol de données de trois millions de clients, après l’exploitation d’une vulnérabilité de serveur non corrigée depuis 2017. L’intrusion, détectée par hasard lors d’un audit interne, souligne les carences persistantes des infrastructures critiques.
Ces affaires rappellent que la cybersécurité n’est plus une fonction de support, mais un enjeu stratégique pour la stabilité économique nationale.
La question reste entière : combien d’entreprises asiatiques disposent réellement des moyens humains et technologiques pour détecter des infiltrations dormantes sur plusieurs années ?
merci à ZATAZ
