Plus de 3 000 fûts radioactifs ont été identifiés au fond de l’Atlantique, certains présentant déjà des fuites. Cette découverte soulève de sérieuses questions sur la gestion des déchets nucléaires et leurs impacts environnementaux.

Ces barils, issus d’une époque où l’on pensait que l’océan pouvait tout absorber, sont aujourd’hui sous surveillance. Certains laissent déjà échapper des substances, réveillant de vieilles inquiétudes sur la gestion des déchets nucléaires en France et en Europe.
Les images et les données recueillies lors de l'expédition scientifique du navire océanographique L'Atalante à 1000 km au large de Brest bouleversent la perception du risque et posent la question : que va-t-on faire de cet héritage invisible mais bien réel ?
Des milliers de fûts radioactifs cartographiés sous l’Atlantique
La récente expédition menée par des chercheurs français et européens a permis de cartographier précisément plus de 3350 fûts radioactifs répartis sur une zone de 163 km2, immergés dans l’Atlantique, principalement au large de la Bretagne et du Cotentin, dans le cadre de l'expédition NODSSUM.
Grâce à des robots sous-marins et des sonars de haute précision, dont le submersible autonome Ulyx de l'Ifremer, l’équipe a pu dresser une carte inédite de ces dépôts, longtemps restés hors de portée des regards.

La mission a livré des images saisissantes : des barils rouillés, parfois éventrés, reposent sur un fond marin tapissé de sédiments. Pour certains, le bitume censé contenir la radioactivité semble avoir cédé, laissant supposer des fuites progressives dans l’environnement marin.
Ce constat alimente les craintes quant à la dispersion de substances radioactives dans la chaîne alimentaire, même si les mesures de radioactivité restent pour l’instant localisées et limitées.
Des fuites déjà détectées : un risque environnemental sous surveillance
Les analyses menées sur place révèlent que plusieurs fûts présentent des fuites, notamment au niveau du bitume utilisé pour confiner les déchets. Les scientifiques évoquent la possibilité que ce matériau, exposé à la pression et à la corrosion, ait perdu de son efficacité avec le temps.
Les premiers relevés montrent des traces de radioactivité autour de certains barils, même si les niveaux restent en deçà des seuils considérés comme dangereux pour la faune et la flore marines à court terme.

Les experts insistent sur la nécessité de surveiller ces zones de manière continue et d’envisager des solutions pour limiter l’impact environnemental. La question de la transparence et de la responsabilité des acteurs du nucléaire revient sur le devant de la scène, tout comme celle de la sécurité des populations côtières.
Quel avenir pour les fûts radioactifs immergés ?
Face à ces découvertes, les autorités et les organismes de surveillance sont confrontés à un dilemme : faut-il extraire ces fûts radioactifs ou renforcer la surveillance in situ ?
Les opérations de récupération sous-marine sont complexes, risquées et coûteuses, d'autant plus que les barils sont immergés par 4000 mètres de fond dans la plaine abyssale de l'Océan Atlantique.
Pour l’instant, la priorité semble donnée à la surveillance et à l’analyse régulière des sites concernés. Les scientifiques recommandent la mise en place de balises et de capteurs pour détecter toute évolution des fuites et de la radioactivité dans la zone.
La France n'est pas seule à s'être débarrassée de barils radioactifs dans les profondeurs des eaux internationales. Plusieurs pays européens en déversé des centaines de milliers durant la seconde moitié du XXème siècle.
C'était alors la solution habituelle de gestion des déchets radioactifs, faute de savoir comment les traiter, sans résoudre pour autant la problématique et en passant que l'écosystème à ces profondeurs était très limitée.
Une seconde expédition l'an prochain doit permettre d'affiner les observations réalisées lors de cette première campagne et d'en savoir plus sur l'état de conservation des barils radioactifs.
merci à GNT