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sylvestre
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Message par sylvestre »

:116: Salut @ tous,

un billet d'humeur de notre ami philosophe-ronchon :

Il y a quelques semaines Philippe écrivait : Les réseaux sociaux nous rendent-ils fainéants ? Morceau choisi : La blogosphère s’éteint, les vieux se font rares et je me compte parmi eux avec ce blog démarré fin 2008. Je ne suis pas sur que la longueur de nos billets nous aidera à durer, mais plutôt notre présence sur nos blogs plutôt que sur les réseaux sociaux ou alors pas trop longtemps. J’avais passablement réduit mon activité sur ces derniers, mais je vois bien que je me suis quelque peu laissé reprendre. Et encore, je suis un petit joueur par rapport à bien d’autres. Si toi aussi tu as un blog, essaye de te poser la question si tu ne devrais pas plutôt écrire un petit bout de quelque chose plutôt que d’envoyer une série de micropensées. Cela peut-être redonnerait vie à quelque chose qui s’éteint.
Je vous épargnerai ma litanie du on va tous mourir pour essayer d'être juste plus objectif et même un peu rigoureux. Soit un individu avec une masse de temps donnée, plus on augmente le nombre de ses activités, moins il a de temps à accorder à chacune d'entre elles. Il serait aisé de dire, les blogs sont morts c'est la faute aux réseaux sociaux, c'est plus compliqué que cela, je pense qu'il y a un peu de phénomène de mode à l'époque, et l'aspect financier d'autre part. Ces derniers jours on a vu ce gars qui s'est payé une maison à 4 millions de dollars uniquement en présentant des vidéos de Minecraft, ou des salaires de youtubeurs francophones avoisinant les 100.000 € par an, on a jamais entendu parler de ce genre de chose dans le bloging où ne vont rester que les passionnés. Ceux qui écrivent aujourd'hui, Frédéric, Philippe en font partie, sont présents sur les réseaux sociaux, qui sont devenus des lieux d'échanges, on leur doit certainement la mort des commentaires, le débat se déplaçant ailleurs ce qui montre tout de même une recherche chez tout un chacun d'une centralisation, tout trouver au même endroit. Le problème c'est qu'avec la multiplication des réseaux sociaux, ben on trouve pas tout au même endroit sauf si on "pousse" comme on dit dans le jargon pour en mettre de partout.
A titre personnel la canibalisation de mon temps par les réseaux sociaux c'est quelque chose que j'ai toujours bien maîtrisée n'ayant pas d'objectif particulier dans mes statistiques et étant lassé de hurler avec la meute du libre (l'eau qui dort fait plus de mal que le chien qui aboie). En gros je me limite à mon blog, ma veille et mon compte facebook qui me permet d'échanger avec des anciens élèves, c'est plaisant. Je n'ai pas d'interaction entre ces deux mondes, je suis relativement fier de moi, ça a du sens. J'écris, je blogue, ça se voit. Cela fait moins d'un an que j'ai repris le blog en mon nom, j'ai franchi la barrière des 600 articles, j'avais dû en reprendre une petite centaine, faites le calcul, et regardez la taille des pavés, oui je blogue.
Comme je l'ai relaté dernièrement dans la veille, le journal bild a claqué la porte à ses lecteurs qui utilisaient des bloqueurs de pub. Il y a quelques années j'ai souvenir qu'un site était passé au payant et qu'il n'avait conservé que 4% de ses lecteurs, un suicide en quelques sortes. Si aujourd'hui le journal peut se permettre se positionnement c'est que contrairement à l'époque aujourd'hui quitter un site ne signifie pas nécessairement en retrouver 50 traitant de la même information le lendemain. Si la blogosphère gratuite se meurt, la presse quant à elle transpire pour trouver son modèle économique (fermeture du magazine têtu cette semaine par exemple) et elle aura d'autant plus de facilité à s'en sortir que d'une part on achèvera les salauds qui donnent de l'information sans compensation et d'autre part que la concurrence morde un peu la poussière pour respecter la bonne vieille théorie de l'Highlander, il ne peut en rester qu'un.
Si une partie de la population s'est tournée vers la vidéo, la masse de lecteurs reste importante et si le voisin n'écrit rien, il faut bien trouver quelqu'un qui écrit. Un de mes collègues a arrêté de fumer il y a deux ans, et il me racontait au départ les temps de désoeuvrement étaient conséquents, car la fameuse pause clope lui prenait un temps considérable qu'il n'arrivait pas à remplacer par autre chose. Concrètement je pense que des gens viennent me lire parce qu'ils n'arrivent pas à passer une mauvaise habitude, celle de trouver un flot ininterrompu d'informations. C'est un positionnement que je connais bien, je me force à sortir régulièrement de l'écran parce qu'en fait je ne fais rien de concret quand il y a quelques années je n'arrivais pas à finir ce que j'avais commencé.
Moralité, vous êtes lus par des gens qui ne devraient pas être là, c'est curieux mais c'est ainsi. C'est un peu comme à l'époque où on avait que trois chaînes de télé et qu'on regardait le tour de France alors qu'on n'aime pas le vélo. Je lis ces derniers jours et dans mes commentaires, et ailleurs dans les fameux shaarlis, journals du hacker des propos de plus en plus durs car les gens n'ont plus d'endroit où aller et n'ont pas la force de faire autre chose, toxicos de l'info. Car et c'est un des paradoxes de la situation, on n'a jamais été aussi peu à écrire, et pourtant on n'a jamais vu autant d'outils pour commenter ce qu'on écrit, quand on pourrait imaginer que ces gens qui vous expliqueraient très longuement comment écrire votre blog à votre place, pourraient canaliser cette haine faramineuse dans de l'écrit, dans du blog et pas dans du commentaire.
Le framablog revenait dernièrement sur cette développeuse qui avait quitté l'équipe de développement du noyau car elle ne supportait plus les critiques personnelles. Ce qui est le plus intéressant dans l'article ce sont les commentaires, qui soulèvent les deux vraies bonnes questions : est ce qu'il ne faut plus rien dire et le cas échéant comment le dire. C'est particulièrement délicat car souvent qu'on est on concerné, on a tendance à prendre les choses à fleur de peau, de l'autre côté dire ouvertement qu'un programme c'est de la merde quand c'est de la merde, il serait malhonête de dissimuler cette vérité qui fait mal, mais est ce qu'il est nécessaire pour autant de le dire et sous cette forme. Pas facile car on jongle ici avec de l'humain, un humain derrière l'écran avec ses blessures personnelles, ce qu'il dévoile, ce qu'il ne dévoile pas.
J'ai pour ma part quelques techniques quand je ne suis pas d'accord :
si je connais suffisamment l'interlocuteur pour y aller franco, je vais à l'essentiel. On ne peut pas le faire avec tout le monde. Quand je fais des remontées de bugs à bronco pour BoZon ce n'est pas dans la finesse, pas enrobé, car je sais que de l'autre côté j'ai quelqu'un qui ne s'encombre pas non plus de la façon de faire pour aller à l'efficacité. Il m'est arrivé dans l'année de faire des remontées de bugs pertinentes sur un projet de la même façon, cela n'est pas passé, je ne fais donc plus, le logiciel est toujours aussi daubeux mais les développeurs peuvent travailler dans un climat de quiétude sans être agressé, c'est un choix que je respecte pleinement.
si j'estime que la personne est abrutie, je joue la carte de l'indifférence. On ne peut pas être ami, d'accord avec tout le monde, je passe mon tour.
enfin si je ne suis pas d'accord et que j'ai un peu d'estime pour l'individu, que je pense pouvoir lui apporter quelque chose, je lui écrits par mail. J'évite ainsi la légendaire arène pour amuser les excités du bulbe qui ne vivent que pour les carnages publics, certainement trop de dessins animés violents dans la télé pour une enfance bercée trop près du mur.
Bloguer c'est un acte de narcissisme évident, c'est aussi un acte de partage, c'est un acte avant tout courageux. Je lisais Matronix sans détour parler de ses joies, de ses échecs et de ses réussites pour son entrée dans l'éducation nationale, j'y lis les erreurs du débutant, le genre de choses qu'on ne peut découvrir que par soi-même, du genre qu'on ne fait pas ce métier pour être aimé mais parce qu'il faut faire ce qui doit être fait, je lis surtout une expérience partagée, ce genre de choses qu'on lit de moins en moins sur la toile. Si j'ai les épaules pour me prendre toutes les shit storm du monde et avoir encore suffisamment de réparties pour remonter sur le ring quoi qu'il arrive, j'espère que personne ne viendra lui faire dans les bottes, ni à lui ni à ceux qui font encore l'effort de prendre la plume pour se livrer, eux, et pas écrire seulement pour imaginer comment vous auriez pu faire les choses.


Source : http://cyrille-borne.com/index.php/tag/linux
Merci Cyrille et Phillipe

@+ :inlove:
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