L’erreur humaine, talon d’Achille de la cybersécurité

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chtimi054
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L’erreur humaine, talon d’Achille de la cybersécurité

Message par chtimi054 »

Image Le piratage informatique n’est pas toujours le fait de génies du clavier : dans 95 % des cas, c’est l’humain qui ouvre la porte aux attaques.

Dans un monde où la technologie devient chaque jour plus complexe et sophistiquée, une faille reste étonnamment persistante : l’erreur humaine. Souvenez-vous de l’interview d’un jeune pirate, proche des fuites de données qui ont fait trembler le web hexagonale en 2024 : « Maintenant plus besoin d’avoir de grandes compétences, il suffit d’être malin. » Le flash ingérence économique de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), publié en avril 2025, dresse un constat sans équivoque. Malgré les logiciels de sécurité informatique (pare-feu, antivirus, Etc.) déployés dans les entreprises françaises, c’est souvent par négligence, ignorance ou imprudence qu’un système informatique est compromis. L’ingérence économique, menée parfois par des acteurs étrangers, trouve encore trop souvent un terrain fertile dans les failles humaines, évitables mais négligées. Le Social Engineering reste un outil redoutable !

Alors que les systèmes d’information sont devenus la colonne vertébrale de toute organisation — qu’elle soit industrielle, académique ou institutionnelle —, leur vulnérabilité ne repose plus uniquement sur leur robustesse technique. Aujourd’hui, le facteur humain constitue la brèche la plus fréquemment exploitée par les attaquants. La DGSI cite dans son rapport le World Economic Forum [rapport de 2022] : 95 % des cyberattaques identifiées résultent d’une faille humaine. Autant dire que la sensibilisation des collaborateurs et la vigilance individuelle sont devenues aussi cruciales que les technologies de pointe.

Selon les données croisées par ZATAZ, les principales causes des cyberincidents en 2024 restent inchangées : menaces internes (volontaires ou accidentelles), usage détourné d’identifiants, et erreurs humaines. Des failles souvent exploitées par des cybercriminels pour infiltrer les réseaux d’entreprise. Fait marquant : une minorité de salariés – seulement 8 % – serait à l’origine de 80 % des incidents de sécurité. Parmi les cas les plus emblématiques, l’attaque par ransomware visant Change Healthcare a débuté par un simple courriel d’hameçonnage, permettant aux pirates de récupérer les identifiants d’un employé et d’infiltrer le réseau. En France, certaines entreprises ont vu leurs systèmes internes compromis par de jeunes hackers, qui ont utilisé des infostealers pour collecter des données de connexion ou ont mené des campagnes de vishing (appels téléphoniques frauduleux – technique dite du « Allô ») pour piéger leurs cibles. Ces méthodes simples mais efficaces rappellent l’importance de renforcer la vigilance des collaborateurs, de sécuriser l’accès aux ressources internes et de surveiller activement l’usage des identifiants. Car à l’heure où les cybermenaces se professionnalisent, la moindre faille humaine peut coûter des millions.

Dans les exemples développés dans ce flash, la réalité dépasse parfois la fiction. On découvre comment une simple ouverture de pièce jointe, un usage inapproprié d’une clé USB ou l’accès à sa messagerie professionnelle depuis un appareil personnel peuvent suffire à faire basculer la sécurité d’une entreprise tout entière. Ces incidents révèlent une double faiblesse : d’un côté, la méconnaissance ou l’oubli des règles élémentaires de sécurité numérique ; de l’autre, une sous-estimation de l’impact que peuvent avoir des gestes anodins, répétés au quotidien.

Une messagerie ouverte, un système infiltré

Un premier exemple marquant concerne un salarié qui, en accédant à sa messagerie professionnelle depuis un outil personnel — pratique pourtant explicitement interdite par la charte informatique de son employeur — a involontairement permis l’exploitation d’une faille de type zero-day. Cette faille, inconnue au moment des faits, n’avait pas encore de correctif. Résultat : le groupe d’attaquants est parvenu à s’introduire dans le système d’information. Grâce à une réaction rapide des équipes informatiques, les conséquences ont pu être limitées. Mais l’incident aurait pu être évité si la charte avait été respectée.
95 % des violations de données proviennent d’une erreur humaine, selon le World Economic Forum.
Ce scénario illustre une problématique de fond : l’efficacité des mesures techniques dépend de l’engagement et de la discipline des utilisateurs. Une faille logicielle est parfois inévitable, mais une faille comportementale peut, elle, être prévenue. Rien n’empêche de penser que la cible du pirate a trop parlé lors d’un salon, d’un repas professionnel ou a affiché sa négligence dans le TGV. Bilan, connaître l’outil a attaqué facilite grandement les choses.

De la clé USB au vol d’identifiants

Autre situation révélatrice : un salarié d’un prestataire externe, travaillant pour un grand groupe industriel, a utilisé une clé USB personnelle contenant un logiciel espion, un « keylogger ». Il s’agissait à l’origine d’un acte malveillant prémédité : la clé a été prêtée à des collègues pour stocker des fichiers, ce qui a permis au logiciel d’enregistrer toutes leurs frappes clavier, incluant leurs identifiants et mots de passe. Une fois la clé récupérée, le salarié détenait les accès d’autres employés. Là encore, c’est l’usage d’un support externe non autorisé qui a permis la compromission du réseau interne. Cet incident démontre une faille non pas dans le code informatique, mais dans la chaîne de confiance humaine. Il rappelle également l’importance d’encadrer strictement l’usage des supports amovibles, souvent négligé dans les politiques de sécurité.

La troisième situation évoquée dans le rapport est tristement banale : un salarié, approché via un réseau professionnel par un faux recruteur, a ouvert une pièce jointe infectée sur son ordinateur professionnel. Le fichier contenait un virus, permettant l’exfiltration de centaines de documents sensibles — non seulement de son employeur actuel, mais aussi de son ancien, dont les fichiers avaient été conservés illégalement sur la machine. Au-delà de la faute individuelle, cet épisode souligne la porosité des frontières entre sphères personnelle et professionnelle dans les usages numériques. Et dans ce cas, le facteur humain joue un double rôle : celui de la négligence (en ouvrant un fichier douteux) et de l’illégalité (en conservant des fichiers professionnels antérieurs). Les outils malveillants d’exfiltration de données sont légions, comme les info stealers.
Une simple pièce jointe malveillante peut suffire à exfiltrer des centaines de fichiers confidentiels.
Former, sensibiliser, responsabiliser

Face à ces constats, la DGSI émet une série de recommandations claires. Le mot d’ordre : instaurer une culture de la sécurité numérique à tous les niveaux de l’entreprise. Cela passe d’abord par une politique interne rigoureuse, matérialisée par une charte informatique signée et comprise par tous. Il ne s’agit plus d’une formalité administrative, mais d’un engagement opérationnel.

La sensibilisation ne doit pas être réservée aux services informatiques : chaque collaborateur, quel que soit son poste, doit être formé aux bonnes pratiques. Cela implique de comprendre les enjeux, d’identifier les signaux faibles, de réagir rapidement en cas de doute. La responsabilisation individuelle est aujourd’hui l’un des meilleurs remparts contre les attaques ciblant les maillons faibles. Votre serviteur propose des ateliers et des conférences sur le sujet, avec des cas pratiques, très pratique ! [En savoir plus]

Parmi les mesures techniques recommandées, on retrouve l’idée de cloisonnement des accès : un salarié ne devrait pouvoir accéder qu’aux données nécessaires à ses fonctions. Cette logique de segmentation permet de limiter les effets d’une intrusion ou d’une compromission. En cas d’attaque, seules certaines parties du système seront exposées.

La mise en place d’un Centre Opérationnel de Sécurité (COS) est également encouragée. Ce centre, composé d’experts en cybersécurité, permet une surveillance continue des systèmes et une réaction en temps réel en cas d’activité suspecte. Enfin, l’audit régulier des systèmes, le contrôle des sous-traitants, la classification des données selon leur niveau de sensibilité, et la maintenance à jour des logiciels constituent des piliers fondamentaux d’une sécurité globale.

Réagir vite, signaler toujours

Lorsqu’une attaque est détectée, la DGSI recommande de couper immédiatement les accès du salarié concerné, de déposer plainte, de conserver les preuves numériques et de signaler l’incident aux autorités compétentes. En cas de fuite de données personnelles, la CNIL doit être informée dans les 72 heures, conformément à la réglementation. Cette réponse rapide permet non seulement de contenir les effets de l’attaque, mais aussi de renforcer les protocoles de sécurité pour éviter qu’un incident similaire ne se reproduise.

Ce rapport de la DGSI s’inscrit dans un contexte d’alerte continue : les attaques informatiques se multiplient, se perfectionnent, et ciblent désormais des organisations de toutes tailles. Pourtant, la sophistication de ces offensives ne doit pas masquer une réalité : elles réussissent souvent parce qu’un collaborateur a cliqué, copié, transféré ou oublié.

En définitive, la cybersécurité ne peut plus reposer uniquement sur les épaules des experts techniques. C’est un sujet transverse, qui engage la direction, les ressources humaines, les sous-traitants et chaque salarié. C’est dans la capacité collective à anticiper, à comprendre et à agir que réside la résilience numérique.

Le facteur humain, point faible des systèmes d’information ? Oui, encore trop souvent. Mais il peut aussi devenir leur meilleure défense, à condition d’y investir sérieusement. Et si la véritable clé de la cybersécurité ne résidait pas dans le code, mais dans la conscience collective ?

merci à ZATAZ
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Re: L’erreur humaine, talon d’Achille de la cybersécurité

Message par MyPOV »

Salut,

Je sais bien que c'est récurrent dans les analyses, mais ça me parrait une inversion des valeurs que de dire que les victimes d'agressions, vols, viols, kidnapping,.. sont responsables de leur sort ; c'est pourtant l'idée ou au moins le ton pour de nombreux articles dans l'informatique. Sensibiliser et former, oui, culpabiliser, non :?: surtout avec des méthodes en évolution permanente.

Prenons l'exemple basique d'une porte de voiture ; depuis tant d'années, les fabricants ont-ils réussi à en sécuriser l'ouverture par des procédés mécaniques ou électroniques ? non, alors que l'erreur humaine y est nulle :!:
"𝓛𝓮 𝓭𝓸𝓾𝓽𝓮 𝓮𝓼𝓽 𝓵𝓮 𝓬𝓸𝓶𝓶𝓮𝓷𝓬𝓮𝓶𝓮𝓷𝓽 𝓭𝓮 𝓵𝓪 𝓼𝓪𝓰𝓮𝓼𝓼𝓮" 𝖠𝗋𝗂𝗌𝗍𝗈𝗍𝖾, 𝖼𝗈𝗆𝗉𝗅𝗈𝗍𝗂𝗌𝗍𝖾 𝖦𝗋𝖾𝖼
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