Quand les Démocrates ont initié leur perte au sein de la Tech

Discussions libres
Répondre
Avatar du membre
MyPOV
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1161
Enregistré le : sam. 11 déc. 2021 14:40
A remercié : 90 fois
A été remercié : 115 fois
    Windows 10 Chrome

Quand les Démocrates ont initié leur perte au sein de la Tech

Message par MyPOV »

Dans nos grands médias, l'adhésion de certains acteurs de la Tech américaine à Trump est présentée comme un simple retournement de veste, qui aurait pris naissance avec le rachat de Twitter par Elon Musk. Mais l'histoire est plus complexe que cela, et Trump en est finalement un acteur vraiment secondaire ; tout vient des démocrates eux-mêmes alors que la Tech leur était aquise depuis longtemps... :!:

Image

Jack Dorsey et Twitter :

La première étape clé de cette évolution réside dans les tensions internes aux grandes entreprises technologiques, notamment Twitter, autour des questions de modération et de liberté d’expression. Jack Dorsey, cofondateur et ex-PDG de Twitter, s’est montré préoccupé par la dérive de la plateforme vers une modération toujours plus restrictive. Lorsqu'il quitta Twitter en 2021, en raison de divergences sur cette question, il laissa sa place à Parag Agrawal, qui déclarait en novembre 2020 : "Notre rôle n'est pas d'être lié par le premier amendement, mais de servir une saine conversation publique... [et] de se concentrer moins sur la pensée de la liberté d'expression, que sur la façon dont les temps ont changé." Ce qui constitua une remise en cause à peine voilée du premier amendement concernant la liberté d'expression.

Bien que Dorsey ait lui-même mis en place des politiques de modération de plus en plus strictes, il exprimait des regrets après son départ, spécifiquement sur la censure de certaines voix et sur la suspension de Donald Trump. Il se montrait de plus en plus réticent à l’idée que les gouvernements interviennent pour dicter les règles de la liberté d'expression sur les plateformes. Depuis 2018, des pratiques telles que le shadow banning (censure par invisibilité de certains comptes) avaient été dénoncées, et la crise du COVID a marqué un tournant, avec une suppression massive de contenus jugés comme de la désinformation, parfois à tort.

C'est dans ce contexte qu'en avril 2022, Elon Musk annonça son intention d'acheter Twitter. Dorsey soutint publiquement l’acquisition, la qualifiant de "seule solution en laquelle il avait confiance" pour restaurer l’esprit initial de la plateforme, centré sur la liberté d’expression. Musk, pourtant historiquement proche des démocrates, devint alors une figure contestée, surtout en raison de ses prises de position sur la modération. Bien qu'il eût initialement voulu se retirer de l'accord, Twitter le contraignit finalement à honorer son engagement. Une fois aux commandes, Musk démantela de nombreuses politiques de modération en place sous l’ancienne direction et publia les Twitter Files, révélant des pressions gouvernementales pour censurer certains contenus.

Image

Marc Andreessen et la Silicon Valley :

Parallèlement, l'administration Biden renforça son projet de régulation de la Tech. Ainsi, au printemps 2024, la Maison-Blanche organisa des réunions avec des dirigeants de la Silicon Valley pour leur exposer sa vision de l’avenir du secteur. Le plan incluait une régulation plus stricte des modèles d’IA, impliquant potentiellement que seules certaines entreprises aient le droit d’opérer sous des contraintes réglementaires accrues, ce qui se répercuterait à terme sur la modération des réseaux sociaux. De même, le secteur des cryptomonnaies était perçu comme trop volatil et incontrôlable, alors que les USA en étaient un acteur majeur avec de nombreuses start-ups.

Si ces mesures étaient soutenues par certains acteurs du secteur, elles suscitaient aussi des craintes. Le très démocrate Marc Andreessen, figure influente de la Tech en tant que cofondateur d'un fonds de capital-risque, critiqua ouvertement ces décisions en prenant ses distances avec les démocrates. Dans le passé, il avait pourtant soutenu financièrement Bill Clinton, Al Gore, John Kerry, Barack Obama et Hillary Clinton. Sans pour autant se revendiquer trumpiste, il voyait en la réélection de Biden un risque pour l’innovation et la liberté d’expression. En réponse, Sam Altman, PDG d’OpenAI en partenariat avec Microsoft, défendit publiquement la nécessité d’une régulation plus stricte, notamment en décembre 2024 après la réélection de Trump.

D’autres voix démocrates tentèrent de tempérer la situation. Ro Khanna et Zoe Lofgren, représentants démocrates de Californie et donc proches de la Silicon Valley, exprimèrent des réserves quant à certaines mesures de régulation. Ils plaidèrent pour un équilibre entre l’innovation et la régulation, mais leurs avertissements ne suffirent pas à infléchir la position de l'entourage de Biden.


Le premier impact sur le grand public :

En février 2024, un tollé mondial éclata autour de l'IA Gemini développée par Google, qui générait des images historiquement inexactes sous prétexte d'inclusivité : des 'Vikings noirs' ou encore des 'pères fondateurs américains issus de la diversité'. Cet incident mit en lumière la volonté des géants de la Tech, estampillée démocrate auprès de l'opinion publique, d’imposer des récits progressistes à travers leurs produits.

Cette polémique marqua un tournant : alors que les grandes entreprises technologiques étaient déjà sous pression face aux tentatives de régulation du camp Biden, elles durent maintenant faire face à une crise de confiance du grand public. Pour certains acteurs de la Silicon Valley, cet épisode renforça leur conviction qu’une trop forte ingérence idéologique dans la Tech pouvait nuire à l’innovation et à la relation de confiance avec les utilisateurs.


L'issue finale :

À l’approche de l’élection de 2024, ces tensions se cristallisent. Certains entrepreneurs et investisseurs de la Tech, sans être particulièrement séduits par Trump, en viennent à considérer sa victoire comme un "moindre mal" par rapport à une administration Biden qui, selon eux, menace leur secteur par un excès de contrôle. Ce basculement ne s’explique donc pas par une adhésion idéologique au trumpisme, mais bien par un rejet de ce qu’ils perçoivent comme une dérive autoritaire du Parti démocrate sur les questions de régulation technologique.

Ce phénomène illustre une mutation importante dans les rapports entre la Silicon Valley et le clan Biden. Longtemps considérée comme un bastion démocrate, la Tech voit émerger une fracture entre ceux qui soutiennent une intervention accrue de l’État et ceux qui craignent qu’un excès de régulation ne freine l’innovation et la liberté d’entreprendre.

Ce n'est donc pas une adhésion à l'agenda républicain, et encore moins à Trump, qui reste méprisé par l’establishment de son propre parti. Il s’agit avant tout d’un réflexe de défense face à une administration Biden jugée trop interventionniste. Ainsi, la réélection de Trump en 2024, avec toutes les controverses qu’elle implique, est perçue par ces figures de la Tech comme un moyen d’éviter ce qu’elles considèrent comme une restriction potentiellement irréversible de la liberté d’expression et de l’innovation aux États-Unis, notamment en raison du poids croissant des strates technocratiques.


Bonus 1 : wiki fr ; Marc Andreessen est un des membres de l'équipe d'étudiants de l'université de l'Illinois qui a développé, en 1993, Mosaic, le premier navigateur web complet disponible pour les systèmes d'exploitation Mac OS, Windows et UNIX.
Avec les fonds de James H. Clark, le fondateur de SGI (Silicon Graphics), il fondera Netscape, première entreprise entièrement orientée vers Internet.

Bonus 2 : Article en anglais, Marc Andreessen affirme que la Silicon Valley est divisée en deux après la victoire de Trump.
https://fortune.com/2024/11/27/marc-and ... publicans/
"𝓛𝓮 𝓭𝓸𝓾𝓽𝓮 𝓮𝓼𝓽 𝓵𝓮 𝓬𝓸𝓶𝓶𝓮𝓷𝓬𝓮𝓶𝓮𝓷𝓽 𝓭𝓮 𝓵𝓪 𝓼𝓪𝓰𝓮𝓼𝓼𝓮" 𝖠𝗋𝗂𝗌𝗍𝗈𝗍𝖾, 𝖼𝗈𝗆𝗉𝗅𝗈𝗍𝗂𝗌𝗍𝖾 𝖦𝗋𝖾𝖼
Répondre